robdbloc

Robdbloc est un rappeur que j’ai découvert il y a maintenant 1 an de ça (en 2021) et qui est encore relativement méconnu à l’heure où j’écris ces lignes bien que son dernier album contribue à faire changer les choses.

Je vais essayer de le présenter brièvement.

Actif sur les plateformes de diffusion depuis 2017, il a à son actif 4 EP, 1 album et quelques titres. Son travail est produit par le Goldstein Studio, studio d’enregistrement qui est côtoyé également par Edge et Jazzy Bazz.

Plusieurs collaborations entre ces artistes naîtront grâce à cette fréquentation commune, notamment le morceau « Mental ».

Des propres mots de Jazzy Bazz :

Robdbloc, pour la petite anecdote, c’est un gars qui est venu à notre studio en tant que client pour enregistrer un morceau comme des fois ça arrive et là, en fait, on a pété un plomb. On a dit : “Mais ce mec-là, déjà, paye pas, frérot, genre, viens tous les jours”. Il fait du son avec nous et on l’a trouvé trop fort en fait du coup, il a un peu intégré notre bande, notre collectif. De fait, on a fait ce passe-passe très technique parce que moi, je le trouve super, super technique.

Un très bon passe-passe qui le montre à son meilleur niveau devant un public plus large que le sien et qui a contribué à lui faire un petit nom sur la scène rap française.

Il a même récemment fait une apparition en rappant un excellent couplet dans l’émission Grünt n°53.

Format

Ses EP courts ne rassemblent en majorité que 3 ou 4 sons qui s’enchaînent de façon fluide et sans qu’aucun ne soit anecdotique ou redondant. Son indépendance vis-à-vis de l’industrie lui permet de ne pas produire un rap générique ce qui rend l’écoute de robdbloc digeste.

De plus, son phrasé saccadé et ses textes techniques sont bien mis en valeur sur de très bonnes prods souvent signées Johnny Ola :

Et j’m’en fiche de prendre cher même endimanché d’vant des dandys

Manchot d’vant des bandits, sans vivre l’enfer

Crois pas qu’j’m’enfuie quand le danger semble être en ville

Mais grand con, j’veux m’sentir en paix, tendu tant qu’j’me remplis

D’un sentiment d’peine, envers c’mendiant qui prend mes centimes

Un avis tranché sans être anti-nanti, nan j’suis dans l’vrai

J’tente de franchir les premiers pressentiments bêtes

Son dernier album « Rien ne change » paru en 2022 est un peu moins focalisé sur la technique que ces précédentes productions (peut-être pour essayer de toucher un public plus large ?) mais reste très bon.

Thématiques

Robdbloc aborde des thématiques plutôt classiques dans ses textes rap : copinage, sexe et drogue douce, mais avec un ton « crû » et sans trop d’egotrip :

Pas docile, pas grossier, ou presque, adouci mais mon fardeau c’est la femme, la came aussi, eh
La noche va être longue

Elle veut être sûre que ses voisins connaissent mon prénom

Et j’les traite de salope que sur demande

Pas pour autant qu’j’ai tout fait dans l’respect

Pendant longtemps, j’ai tout fait dans mes spectres

Toujours déçu quand j’espère
Pas d’budget

J’ai assumé

Merde, toujours en train d’fumer

Toujours dans l’abus, la brume

Ou dans la buée

Avec la rouquine, la blonde ou la brune

Rien de très original ou de transcendant dans ses thèmes donc, mais c’est un en particulier que robdbloc aborde à mes yeux d’une façon pertinente.

Le travail

En bon marxiste, j’apprécie parler du travail et c’est justement sur ce point que robdbloc se démarque selon moi. Aborder ce sujet est d’autant plus intéressant que c’est un propos qui est rare dans le rap. En effet, robdbloc travaille dans l’alimentaire (déduction que j’ai émise au fur et à mesure des écoutes) un boulot qu’il trouve inutile et semble détester. Il perçoit ainsi son travail comme une torture, ne prend aucun plaisir à le réaliser et le faisant seulement en vue d’obtenir une rémunération. Un travail aliénant (qui montre bien le chantage à l’emploi dont tous les travailleurs sont victimes) qui coexiste dans sa vie avec d’autres passions telle que le rap.

C’était une passion avant qu’ça parte en diez (Faut l’bénèf), fuck les miettes, j’veux la part entière

Or, robdbloc avoue lui-même que lorsque le statut de cette activité change pour devenir une obligation et non plus un passe-temps, son regard sur cette passion change.
Elle devient ainsi une formalité pénible, au même titre que sa condition salariale :

Ouais, mauvais choix qu’j’ai pu faire, y en a moult

Ça concerne souvent les femmes ou la moula

Taf alimentaire, c’est mon goulag, le rap me rend ouf autant qu’il me soulage

On peut donc voir un exemple d’activité dont la pénibilité change en fonction du prisme sous laquelle elle est effectuée : contrainte ou temps affranchi.

Punchlines

J’ai rassemblé ici quelques autres punchlines traitant du sujet (l’entièreté que j’ai entendu en vérité) :

Mon pote charbonne pour faire ses heures d’intermittent

Ni répit, ni temps mort, un autre s’enferme dans un métier qui l’endort

Moi, là, j’ai rien d’autre en tête que les espèces qui m’manquent

L’avènement des miens (2020)

Mon job alimentaire stagne, n’est-c’pas ? oui, parallèlement j’ai c’taff où j’m’épanouis

L’avènement des miens (2020)

Travail à perte

J’ai blessé ma tête

Déjà laissé ma peine sur l’té-c’

Lésions (2020)

Taff sur taff alimentaire, mon frère j’m’attaque la santé

Appt. 101 – Ride sur ride (2020)

Est-ce que le pire c’est d’être incompris ? Ou bien de se vendre à bon prix ?

Faut toujours, toujours plus de gain, la vie j’espère que ça vaut l’coup d’la uét

Et j’suis au taf pour la paye et serrer les caissières quand elles sont douces, bah ouais

Navajo (2021)

Dans le déni avec le doc’, j’vais consulter que pour des arrêts de travail

Pourtant sûrement malade, parfois j’fais bande à part, j’me sens comme malade (oh)

Décompte (2021)

Conclusion

J’espère vous avoir transmis le goût de cet artiste. Si vous êtes convaincus, je vous conseille d’écouter sa « série » d’EP (Appt.303, Appt.404 et Appt.505) et son EP « Replay » réalisé entièrement en collaboration avec Johnny Ola. Dans tous les cas, écoutez en priorité « Encore un » et « Mayday » qui montrent ce que robdbloc peut offrir de mieux en matière de technicité.

Retour au gemlog
Retour à l’accueil

Commentaires (0)

Pas encore de commentaires

Écrire un commentaire